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Le Monde à l'envers.

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Il y a comme ça des phrases que l'on relit plusieurs fois afin de se persuader qu'on ne rêve pas, ou, plus exactement, qu'on ne cauchemarde pas. La dernière de ce genre, c'était dans Libération, un peu par hasard alors que je prenais des nouvelles du massacres commis par les nazis islamistes à Tunis. C'est le Ministre de l'Éducation de la République Française qui s'exprime en marge d’une réunion de ministres européens à Paris. Najat Vallaud-Belkacem s'insurge contre la décision de Gilles Platret, le maire UMP de Chalon-sur-Saône qui décidé de mettre fin, dès la rentrée prochaine, au menu sans porc proposé dans les cantines des écoles de sa commune. Voici mot pour mot les propos de Najat Vallaud-Belkacem: "supprimer la possibilité d’avoir un menu non confessionnel, je trouve que c’est une façon, en réalité, d’interdire l’accès de la cantine à certains enfants".
Apparemment, cette phrase n'étonne personne. Remarquez, en France, il y a des sujets sur lesquels on évite maintenant de s'étonner, parce qu'immédiatement, les "amalgames", la "stigmatisation", etc… Mais quand même! Le Ministre de l'Éducation de la République Française (pas celui d'Arabie Saoudite, hein?) considère qu'un menu contenant du porc est un "menu confessionnel". Et donc que le cochon est devenu un signe d'appartenance religieuse. Signe, si l'on pousse le raisonnement jusqu'à l'absurde (mais nous sommes dans l'absurde), qu'il s'agirait de gommer au nom de la laïcité.


Je ne veux pas débattre ici des motivations politiciennes du maire de Chalon-sur-Saône, et de l'opportunité de cette annonce, que chacun est en droit de contester. Mais rappeler quelques faits à Madame le Ministre, quelques faits objectifs concernant la "bête singulière", faits que j'avais déjà consignés dans cette chronique.
Le porc n'a rien d'un "signe d'appartenance religieuse". Tout le monde en consomment sur Terre, à part les plus zélés pratiquants de deux religions, l'Islam et le Judaïsme. À ce titre, de Pékin à Paris, de Melbourne à Libreville, de Buenos Aires à New-York, il s'agit de la viande la plus consommée au Monde (source FAO) et en France. Le cochon demeure, outre d'un des piliers du patrimoine gastronomique de nombreux peuples (élevez le regard, regardez l'Asie!), un aliment d'un bon rendement écologique, meilleur par exemple que le bœuf, et intéressant économiquement parlant.
En d'autres termes, l'anormalité, au sens statistique, c'est de ne pas manger de porc. Et ça n'a strictement rient à voir avec la religion. Prétendre le contraire est faux, archi-faux.



Madame le Ministre, je ne sais pas ce qui vous a pris de sortir pareille ânerie, ce que vous racontez, c'est le monde à l'envers! Je ne veux pas croire qu'il s'agisse d'un médiocre, d'un vicieux calcul politique, d'un vilain "coup de billard à deux bandes"; il m'est plus confortable de penser que l'ethnocentrisme a paralysé votre raisonnement. Ou que cela est du à ce léger manque de culture auquel les politiciens contemporains de tous bords nous ont habitué.
Par parenthèse, vous feriez mieux de vous rapprocher de votre collègue de l'Agriculture et vous inquiéter de la qualité de ce que l'on sert dans les cantines rattachées aux établissements scolaires, qu'il s'agisse de cochon ou de tout autre produit*.
Toujours est-il qu'à l'approche d'élections (inutiles certes), les extrémistes vous remercient pour tout le bien que vous leur faites avec cette affirmation crétine.



* Cette histoire des cantines revient régulièrement sur le tapis et certains en font leur miel: simplifions! Comme à la maison, il est normal qu'on serve du cochon une ou deux fois par semaine dans les cantines, les mess, les restaurants d'administration ou d'entreprises publiques. On n'oblige personne, mais ça n'a pas à être négociable, et je vois mal pourquoi ce genre de lieux seraient dans l'obligation de proposer un plat de substitution au porc et d'en supporter le surcoût (il s'agit de services publics facultatifs, d'un service rendu aux familles). Après, si pour un commensal le fait de ne pas manger de saucisson, de filet mignon ou de jambon est fondamental, rien de dramatique, il se rattrape sur l'entrée, il mange du pain ou un bout de fromage en plus. Où il déjeune ailleurs. Dans la vie, c'est plus souvent au menu qu'à la carte.
** Lisez à ce sujet ce qu'écrit mon camarade Xavier Denamur qui s'est lancé dans une croisade pour que l'on améliore la qualité de ce qui est servi dans les cantines scolaires, laquelle est souvent détestable. Ça, c'est un vrai problème d'aujourd'hui.




Quand le bœuf de Kobé parle japonais comme une vache espagnole.

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Vous voyez ce "rayon-boucherie" pas très sexy? La photo a été prise récemment au supermarché BonPreu qui se trouve à 300 mètres de chez nous. "Bou", pas besoin de vous l'expliquer, ça signifie "bœuf", en dialecte catalan, "buey" en espagnol. 
Donc, entre le (baby?)bœuf local et le bœuf "du Nebraska" un des musts barcelonais, voici qu'on veut vous fourguer du bœuf "de Kobé". Rien que ça!
Cette viande est évidemment aussi japonaise que je suis petit rat à l'Opéra (je vous épargne le tutu rose…). Elle est engraissée dans un des élevages industriels de la région de Burgos où l'on vous produit la race que la mode et donc les gastronomes en culottes courtes exigent. De l'Angus, on vous en a sorti des wagons, la "Galice", ce miracle mathématique, c'est autant que vous voulez, suffisamment en tout cas pour que les cuistots étoilés de l'Europe entière puissent aller en remplir leur caddie au Métro du coin.


Un des grands trucs qui plaisait beaucoup aux gogos, ça faisait chic sur les cartes des trompe-couillons, c'était le wagyu, le "bœuf japonais". Il n'y avait donc plus maintenant que la province de Burgos était devenue terre nippone qu'à y produire le summum, du Kobé. Tenez, un reportage de la télévision nationale espagnole vous montre ici un de ces entrepreneurs qui ont comme objectif (ils ne s'en cachent pas) d'inonder l'Europe de ce genre de viandes. Des types à la pointe du progrès, ils connaissent tout des dernières méthodes qui permettent de doper l'élevage. Dans leur domaine, ils sont aussi bons que d'autres pour fabriquer des footballeurs, des cyclistes ou des tennismen. Et réactifs avec ça, si la mode suivante, c'est la vache bleue du Lac Baïkal, ou le veau à poil dur de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ils vous en fourniront un an plus tard, dans les quantités que vous voulez…


Tout ça pour dire que l'exploit désormais pour les amoureux du goût, c'est n'est évidemment plus de parader avec ce genre de trucs mais de chercher, outre les bonnes vieilles simmental qui font la maille, ces viandes que l'on ne trouve plus en restauration gastronomique (parce qu'absentes du pousse-caddie): Bazas, Chalosse, Parthenaise…  Sélectionnées par de vrais artisan-bouchers.








Nuits de tristesse…

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La revoilà, cette France triste contre laquelle je m'insurgeais en juillet dernier. Cette France grise des fonctionnaires envieux, des politiciens oublieux et des comptables vétilleux, cette France qui sent le renfermé et rêve de réglementer, voire de taxer l'orgasme. La France des moralistes et des prohibitionnistes, alliés en un Front Puritain dont l'objectif, plus que d'allonger notre espérance de vie, doit être que cette vie, purifiée de tout, nous la trouvions interminable à force d'être chiante.
Le vin, cette "boisson de riches" est évidemment une des cibles de la France triste. Le vin, avec sa joie, sa truculence, son enthousiasme et parfois même ses excès. Les grisailleux n'aiment pas que l'on se grise et le font savoir.


En décembre, déjà, je racontais ici l'offensive de l'ANPAA, l'Association Nationale pour la Prévention en Alcoologie et Addictologie. Un des objectifs de ces moralistes subventionnés est d'en finir avec les noms de cuvées qui évoquent de près ou de loin l'hédonisme. Un mois plus tard, dans le blog d'Antonin Iommi-Amunategui, le président de l'ANPAA, évoquait de nouveau ces noms de cuvées qui lui "posaient problème". Une en particulier, Nuits d'ivresse, le célèbre petit bourgueil de Catherine et Pierre Breton, sujet de nouveau évoqué le week-end dernier à Tours, lors de la 13e Fête des Vins de Bourgueil. Au point d'émouvoir la Presse locale, La Nouvelle République, qui s'en est fait l'écho, s'inquiétant de ce que les parlementaires soient en train de légiférer afin d'en finir avec Nuits d'Ivresse* et les cuvées "à problèmes".


Que les Ligériens se rassurent, le "projet de loi anti-Nuits d'ivresse" n'a pas encore été mis au point par le Front Puritain. Ce qui ne signifie pas qu'il ne faille pas rester vigilant. En revanche, on parle effectivement d'alcool, et donc de vin, ces derniers temps à l'Assemblée Nationale, et pas toujours pour en dire du bien (lire ici). 
Un amendement en particulier m'inquiète, l'amendement N°AS1207 présenté par cinq députés du Parti Socialiste, Denys Robiliard (Loir-et-Cher), Gérard Sebaoun (Val-d’Oise), Annie Le Houérou (Côtes-d'Armor), Françoise Dumas (Gard) et Bernadette Laclais (Savoie). Son but, louable, consiste à évacuer un des nombreux flous de la Loi Évin, celui qui avait permis aux juges de confondre des articles journalistiques sur le vin avec de la publicité ou de la propagande. A priori, rien à dire, Vin & Société a d'ailleurs salué cet amendement. Sauf que j'y relève un mot qui jusqu'à présent ne figurait pas dans ce chapitre III du Code de la Santé Publique consacré à la publicité et à la propagande sur les boissons alcoolisées: "excès".  


Très précisément, l'amendement N°AS1207 demande à ce que l'on ajoute cette phrase:
"Toute propagande ou publicité en faveur d’une boisson alcoolique ne doit pas inciter à un excès de consommation, en particulier chez les jeunes."
Vous savez ce que c'est, vous l'excès**? Je ne parle pas de ces moments où l'on se méfie de l'abus de modération, c'est la notion légale de l'excès qui m'intéresse. Parce que là, on va revenir tout droit à nos Nuits d'ivresse. Vous lui expliquerez au juge que l'ivresse ce n'est pas de l'excès? Franchement, ce n'est pas gagné. Et je me demande bien pourquoi introduire cette notion dans un cadre qui est déjà un des plus contraignants du monde, hors pays musulmans.
Je me demande aussi si les députés français n'auraient pas mieux à faire pour améliorer la vie quotidienne de leurs concitoyens, autrement qu'en les traitant comme des enfants de maternelle. Et s'il ne faudrait pas plutôt tenter de redonner un peu d'ivresse à ce vieux pays qui me semble cruellement en manquer.





** Ne pas oublier non plus la cuvée Ivresses, le splendide grenache de mon copain Marc Valette.
* À part un joli petit bouquin d'Emmanuel Giraud, à L'Épure (ci-dessus).



Le vin vous remercie !

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Juste une image, c'était il y a quelques instants sur le Web. Une grande nouvelle pour les amoureux du vin: le nouveau Dictionnaire encyclopédique des Cépages du grand Pierre Galet verra bien le jour. Je vous avais parlé ici de cette souscription lancée en crowdfunding sur la plateforme Fundovino.com, eh bien c'est gagné! La somme minimale a d'ores et déjà été rassemblée, plus d'un mois avant le terme.
Il faut dire que vous avez été généreux, amateurs ou vignerons, montrant à quel point il était important que cet ouvrage paraisse. Certains ont même fait des folies: je ne sais pas si je peux/dois les citer, mais tant pis si leur modestie en souffre, une Bordelaise et deux vignerons du Languedoc-Roussillon ont cassé leur tirelire, Dany Rolland, Jeff Carrel et Charles Perez, afin de donner un coup d'accélérateur au projet. Merci à eux.


Merci aussi à tous les blogueurs et aux journalistes qui ont relayé l'info, Michel Smith, Patrick Böttcher, Jacques Berthomeau, Nicolas de Rouyn, Mathieu Doumenge, l'union fait la force. Le vin ne s'en portera que mieux. Et notre culture aussi.
Par parenthèse, même si la somme nécessaire a été atteinte, et même dépassée, on m'informe qu'il est toujours possible de souscrire, donc, les retardataires, vous savez ce qu'il vous reste à faire, cliquez ici





Les écolos les plus cons du Monde…

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C'est un des sommets de la gastronomie française. Sauf qu'on n'a pas le droit d'en manger en France… Vous avez bien sûr, à son long bec, reconnu le sublime oiseau dont je veux parler, l'exquise bécasse. Et vous le savez sûrement, il est interdit de commercialiser et donc de servir au restaurant la reine de la plume, une interdiction bien franchouillarde, limitée aux frontières de l'Hexagone.
Car de la bécasse, tous nos voisins européens en servent, parfois même à profusion, comme ici en Espagne, à Barcelone, au bar de Monvínic où j'ai pris cette photo hier soir.
Beaucoup d'hypocrisie d'ailleurs dans cette affaire! La bécasse, on en vend et on en sert en France, dans pas mal de restaurants dont je ne peux malheureusement pas vous donner le nom ici. Sous le manteau. 


La récente proposition des chefs Alain Ducasse, Michel Guérard, Jean Coussau et Alain Dutournier me semble d'ailleurs être un minimum, et permettrait de clarifier les choses. Pour la bécasse, mais aussi l'ortolan, le pinson, la grive, le chardonneret, ils souhaitent "obtenir une dérogation d'un jour ou un week-end de consommation par an", un peu comme on le fait en Suède avec les écrevisses. "L'interdiction totale met à mal des siècles de tradition, de coutumes, et favorise un marché noir néfaste avec des prix exorbitants" explique Michel Guérard. "Nous ne sommes pas des viandards, nous sommes aussi respectueux que les écologistes et les défenseurs des animaux de la protection des espèces menacées. Tout en respectant les sentiments de chacun, il s'agit aussi de respecter des traditions séculaires, notamment landaises, d'un retour transparent à l'authenticité et d'une transmission d'un savoir-faire aux jeunes générations en matière de préparation et de cuisson de ces oiseaux".
Bref, tout ça pour dire qu'hier soir au restaurant, j'ai mangé une bécasse, et que j'emmerde les écolos à la con, sûrement les plus cons du Monde, leurs résultats électoraux semblent d'ailleurs être à la hauteur de leurs talents politicards. Vive la bécasse, merde aux khmers verts!




PS: j'ai oublié de vous dire que sur cette bécasse, j'ai bu un excellent crozes-hermitage d'Emmanuel Darnaud, sa cuvée (pour moi idéale) Les trois chênes, millésime 2011. Malheureusement, pour votre pense-bête, je n'ai pas pu vous mettre de photo de l'étiquette, reconnaissable à son triangle inversé. Vous vous contenterez donc de la bouteille précédente, mon beaujolais préféré, celui dont le gamay pinote et remet les pendules à l'heure de pas mal de pseudo grands bourgognes. Sublime comme d'habitude, et fort à propos sur les jolies entrées mar i muntanya de Guillem Oliva.









En faire tout un fromage…

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Ce n'est rien de dire que je ne suis pas très fan des "journées internationales" de ci ou de ça. Je sens dans cette bouillie pour agences de com' et scribouillards en panne d'inspiration, un délicat mélange de marketing faiblard, de bien-pensance et de bons sentiments dont on se débarrasse aussitôt après les avoir bruyamment affichés. Mais là, m'est venue l'envie de saluer la Journée Mondiale du Fromage.


Pourquoi? Parce qu'il me semble que le fromage fait aujourd'hui partie des produits gastronomiques menacés. Menacé d'abord par l'industrialisation, par ces multinationales sans visages qui de brain-stormings en brain-stormings cherchent sans relâche des manières de nous fourguer davantage de merde tout en aseptisant, en pasteurisant. Menacé aussi par cet hygiénisme hypocondriaque, mix de pensée écolo radicale et de médecine rigoriste, qui répand de plus en plus le message selon lequel le fromage, enfant du lait, est un poison*. Comme si tous les fromages et tous les laits se valaient… Menacé par des modes délétères où la maigreur du corps le dispute à celle de l'esprit. Menacé enfin par des menus de restaurants où l'on oublie de plus en plus une ligne entre plat et dessert.
  

Et puis, même si je ne sais pas trop si, comme le chantait une ancienne réclame "les produits laitiers sont nos amis pour la vie", ce que je sais c'est que j'adore le fromage**. Il fait partie de mes premiers souvenirs gastronomiques. Ce bethmale des hautes vallées ariégeoises***, qui piquait un peu et me rappelait l'odeur de l'étable d'Honorine à Buzan, où elle m'avait appris a traire sur le trépied, la tête collée contre le pelage chaud de sa vache. Le puissant parfum de la fruitière du Haut-Doubs qui soulève presque le cœur d'un gamin de CE1, puis le grain du comté qu'on apprend à découvrir. Le chèvre de Banon, dont on défait délicatement la gangue de feuilles sur la terrasse de Lourmarin, face au château. Le goût exotique du maroilles de mon grand-père, tartiné, au goûter avec un jus de pomme aux petites bulles rigolotes. Le puissance du roquefort, qu'on se croit obligé de marier à la vache, sous les haut cris des amis aveyronnais qui dénoncent cette union contre-nature. La douceur du vrai munster qui offre l'occasion d'humecter ses lèvres de quelques gouttes de gerwurztraminer…


Du fond de mon cœur, je plains les gamins dont l'éducation au goût, après le lait maternisé et le petit pot, se poursuit avec l'odieux Philadelphia, sûrement un des produits alimentaires les plus infâmes que fabriquent les usines de la malbouffe, produit-poubelle honteusement célébré par les nouvelles starlettes cathodiques de la boîte-à-cons, produit mort et qui sent la mort. Ajoutez à cela ce qu'il faut de Caca-Cola et de ketchup, même le palais le plus sensible ne peut réchapper de ce formatage cataclysmique.


À l'occasion de cette  Journée Mondiale du Fromage, je tenais juste à saluer une initiative, celle de photographes qui ont décidé de créer une bibliothèque visuelle des fromages. Ça se passe sur Wikipedia. Alors, je sais, il est de bon ton de se pincer le nez en évoquant cette drôle d'encyclopédie numérique, et il est vrai qu'on y lit ici et là pas mal de bêtises. Mais s'il n'y avait que là, combien de vérités confortables ou de vrais mensonges sont ainsi allègrement recopiés et colportés, dans des médias photocopilleurs, jusque dans des documents universitaires?
À l'initiative de photographes bénévoles, Wikipedia, donc, recense notre patrimoine fromager fermier, cela s'intitule WikiCheese. Et je crois que c'est utile. Il faut témoigner de cette diversité, preuve de talents, de façons, d'identités. Vive le fromage, le fromage vivant, au lait cru, et pas qu'un jour par an!





* Comme avec le gluten où là aussi on mélange tout de véritables campagnes anti-fromage sont lancées, sur le Web notamment, s'appuyant sur des études qu'on a oublié de lire intégralement. Ainsi ce que dénonce ici le site Hoaxbuster.
** C'est très vilain de généraliser, mais la vie m'a appris à me méfier de ceux, et surtout de celles qui n'aiment pas le fromage…
*** Voilà typiquement un fromage que les coopératives et les groupes industriels ont détruit. Très difficile désormais d'en trouver du bon, qui rappelle l'étable d'Honorine. J'en connais toutefois un, le Phébus, distribué par la Fromagerie Cathare, à Albi.




À Pâques, fuyez Barcelone !

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Je viens de jeter un œil au calendrier pour vérifier. En fait, ce n'était pas la peine, rien qu'en comptabilisant les messages reçus ces derniers jours dans mes boîtes-à-lettres, il ne faisait aucun doute que la Semana Santa pointait le bout de son nez. "Je suis la semaine prochaine à Barcelone", "on cherche un super restau pour vendredi soir, vous avez une idée", "comment s'appelle ce bar-à-vins un peu dingue avec un type coiffé comme le savant fou de Retour vers le Futur?", "Isabelle peut nous réserver une table à Monvínic?", etc, etc…
Pour ce genre de questions, beaucoup d'entre vous le savent, j'ai rassemblé une la majeure partie de mes adresses liquides et solides dans un mini-guide (consultable ici), le problème, c'est que pour Pâques, ce guide, il est bon à jeter à la poubelle.


Eh oui, les enfants, il faut se réveiller! Barcelone, c'est l'Espagne. Et en Espagne, la Semana Santa, comme son nom l'indique, c'est sacré. Contrairement à la France où on a l'impression que les gens sont tout le temps en vacances, c'est ici un des rares congés annuels, et je peux vous assurer qu'il est suivi. Surtout dans des grandes villes comme la capitale catalane. Du coup, la ville est désertée par une bonne partie de ses habitants, et les endroits sympas sont fermés. Un peu comme au mois d'août, l'autre période à soigneusement éviter ici.


Désolé de vous casser le moral, mais pour les bars, les restaurants, attendez-vous à des déceptions; chez les bons, vous allez manger du rideau de fer. Il vous reste toutefois les musées, les balades dans les rues, le shopping peut-être dans les zones touristiques. 
Ce que je vous conseille en fait, c'est soit de pousser vers Valencia et surtout l'Andalousie, des régions où, par la grâce d'un catholicisme pornographique, la Passion de Pâques prend un lustre qui vaut le détour. Et si vous tenez à rester au nord de l'Espagne, de bifurquer vers des cités balnéaires, Cadaqués et la Costa Brava ou plus au sud vers Sitges. Les bonnes adresses de Barcelone, on verra un autre week-end.





Le vrai verre à vin 'naturel'?

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Une réclame m'apprend que le cristallier Riedel lance une nouvelle gamme de verres. Son nom, Superleggero, est semble-t-il un hommage à un style de bagnoles de sport nées dans l'Italie mussolinienne des années trente, les Superlegerra. Maximilian Riedel, l'héritier, a effectivement l'air d'être plus porté sur le vroum-vroum que sur le glou-glou.
Cela étant, l'entreprise Riedel a bien raison de se bouger parce que pendant qu'elle se dispersait, bricolait du godet à Caca-Cola ou à Nespresso, ses concurrents, au lieu de s'intéresser aux merdes industrielles, innovaient, cherchaient afin d'améliorer les verres des amateurs de vins. Je pense notamment à Zalto qui a redéfini le verre de luxe, justement en l'allégeant à l'extrême. D'une certaine façon, l'annonce de cette nouvelle gamme Superleggero tend à démontrer que Zalto a gagné puisque Riedel suit le mouvement et s'aligne désormais sur le nouveau standard, celui du contenant "qu'on oublie", qui s'efface devant son contenu. Reste à voir les prix, qui ne sont pas le point fort de Riedel.


Si je vous reparle de verres, c'est parce qu'en servant des canons derrière un bar m'est justement revenu le souvenir des mots de Maximilian Riedel dans une lettre qu'il m'avait faite parvenir, et où il évoquait mon idée (un rien humoristique) de créer un modèle spécifique au vin naturel. En fait, au delà de la boutade, je crois que ça ne sert à rien, parce que ce verre, il existe déjà.
Pour comprendre, regardons l'évolution de la cristallerie de table depuis vingt ans. Très clairement, les verres ont enflé. Jusqu'à atteindre des formats incroyables, très prisés à une époque, dont la contenance s'apparente davantage à celle d'une baignoire qu'à celle d'un gobelet. Beaucoup de bling-bling, une bonne dose de ridicule dans tout ça, et un délire où le vin ne devient plus qu'un nez, qu'un parfum. Au point qu'on en oublie qu'il peut éventuellement s'agir d'une boisson. 
En Espagne, où cette verrerie a connu un succès considérable, beaucoup de producteurs se sont d'ailleurs mis à élaborer des "vins de nez" juste bons à flatter, à impressionner des narices de oro mais totalement imbuvables.


Or, avec beaucoup de vins naturels, la problématique est exactement inverse. Plus que d'être formatés pour la dégustation pure, ces jus n'ont d'autre finalité que d'être bus, pourquoi pas à grosses gorgées. Et, même si ça agacerait un peu Jules Chauvet amoureux du parfum des roses, ce sont leurs qualités de bouche qui sont mises en avant. Le nez, lui est assez souvent en retrait, à cause par exemple de la réduction.
Dans ces conditions, il faut impérativement éviter les verres qui mettent en avant l'olfaction (la rétro-olfaction suffira) et revenir à des formats plus raisonnables et à des remplissages plus conséquents. N'exagérons pas, il n'est pas utile d'en revenir à la façon des zincs d'antan, à ras-bord comme sur l'image du début de cette chronique, mais à l'usage, je vous assure que ça fonctionne. Et pourquoi pas avec un bon vieux verre ballon? Ou avec ces merveilleux verres de bistrot qu'on arrive encore à chiner ici et là. Je sais que certains vont hurler, me traiter de barbare, pourtant, essayez, vous boirez…






D'accord, Jamie, je signe, mais…

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Jamie, vous le connaissez évidemment? Jamie Oliver, le type de la télé, le "TV cook" comme disent certains de mes copains restaurateurs avec une légère pointe d'ironie toute londonienne, ou de mépris. Il faut dire que le Jamie, il se bouge, il est partout. On entend parler de lui au-delà des côtes anglaises, plus encore que l'hyperactif Gordon Ramsay, il est devenu une star de la cuisine cathodique.
Il faut dire que Jamie sait y faire. Tout ce qu'il griffe a de la gueule, ou en tout cas est adapté à la clientèle qu'il cible. Cool, décontracté, looké. Vous voyez Papi Robuchon et sa bande de potes de la maison de retraite? Ou les beauferies pousse-caddie des MasterTopChefs de la boîte-à-cons? Eh bien, c'est exactement le contraire. Presque un peu trop d'ailleurs.


Et puis, quitte à me répéter, il est partout. De tous les combats. L'an dernier, il est rentré dans le lard de Mc Donald. Comme il faut, en expliquant que la bidoche de leurs hamburgers était traitée comme de la viande pour chiens, à l'hydroxyde d'ammonium, ce qui la rend impropre à la consommation humaine.
Il y a trois semaines, il mettait son costard du dimanche, et une cravate pour aller voir à Westminster Vince Cable, le très libéral Ministre des Affaires et de l'Innovation britannique pour lui dire tout le mal qu'il pensait du futur Traité Transatlantique que nous concoctent en loucedé les politiciens de tous bords. Tout ça évidemment répercuté comme il se doit sur les réseaux sociaux.


Là, ce matin, Jamie m'informait via Change.org qu'il lançait une pétition qui demande à ce que l'alimentation fasse partie des programmes scolaires, afin de réapprendre à faire à manger et lutter contre l'obésité et le diabète infantiles. Que voulez-vous, je ne peux pas ne pas être d'accord avec lui. Alors, j'ai cliqué, et j'ai signé. J'ai signé, mais…


J'ai signé mais je suis allé bouffé un bout chez Jamie. Comme tous les couillons qui poireautent en attendant l'avion à Gatwick. Parce que les bars et les restaurants Jamie Oliver®, ça pullule dans l'aéroport du sud de Londres. On en trouve deux dans le terminal nord.


Et là, je dois dire, Jamie que si en fils de pub, tu es très bien, en cuistot, il faut que tu bosses un peu. Bon, c'est joli ce que tu sers, c'est coloré comme des jouets Fisher-Price, mais ça a autant de goût que le plastique des jouets sus-cités. Bravo d'ailleurs pour ta tomate d'hiver! Toi qui veut éduquer les gamins à la bouffe, tu iras à l'école avec eux le jour où le cours portera sur la saisonnalité des produits. Remarque, ta tomate, dure comme elle est, inaltérable comme elle a l'air, elle tiendra au moins jusqu'au mois de juin, ce qui en fera un fruit de saison…


Je te passe ta sauce sucrée. Tu sais ce qu'on a dit sur le sucre… On oublie aussi, parce que je suis de bonne humeur, tes petits pains sucrés et tes hamburgers. En revanche, ta bière était correcte (je ne me suis pas risqué au vin, tu me connais…) et l'expresso, excellent, surtout à l'Italien de l'embarquement.
Allez Jamie, fais un effort, va, ça ne nuira pas. Et ça rendra plus crédibles encore tes prises de positions publiques.







Moi, ça me fait pleurer…

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Voilà, je vous livre l'info brute de décoffrage. Ce sont Les Échos qui révèlent ça, relayant une info du quotidien japonais Nikkei. Une vraie révolution…
"L'entreprise agroalimentaire japonaise House Foods, spécialisée dans les plats au curry et au tofu, a annoncé la fabrication d'un oignon qui ne fait pas pleurer. Cette découverte est le fruit de l'équipe du chercheur Shinsuke Imai, qui a fait de l'étonnant légume l'un de ses sujets de recherche favoris depuis plus de dix ans. En 2002, il avait déjà mis à jour le processus biochimique par lequel les oignons font pleurer."


"Ce légume a la particularité de capter le soufre contenu dans le sol sur lequel il pousse. Lorsqu'on coupe un oignon, le soufre entre en contact avec une enzyme, l'alliinase. Cette rencontre produit une synthèse d'acide sulfénique. C'est là qu'intervient la découverte du professeur Imai: il a révélé le rôle d'une deuzième enzyme, appelée «synthase d'agent lacrymal», qui transforme l'acide sulfénique en un gaz irritant. En entrant en contact avec le liquide lacrymal des yeux, ce gaz se métamorphose en acide sulfurique, qui fait pleurer les malheureux cuisiniers. A l'époque, le scientifique imaginait déjà la fabrication d'un oignon «conservant son goût caractéristique et sa haute valeur nutritionnelle, en régulant l'activité de l'enzyme de synthase». C'est désormais chose faite: en limitant la quantité de cette enzyme, il a créé un oignon qui est non seulement non irritant, mais qui sent moins fort. Ses amateurs auront donc meilleure haleine."
Faut-il vous faire un dessin*? Vous expliquer les bidouillages auxquels on va se livrer sur ces pauvres légumes? Moi, ça me tire les larmes des yeux…



* Quelques éclairages ici et pour ceux qui ont la comprenette difficile.

Vive l'alcool !

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Vive l'alcool ! Ce titre est bien sûr une provocation. Une provocation stupide trancheront en cœur les moralistes français et les fayots qui pensent que c'est en leur léchant le cul qu'on parviendra à les raisonner. Vouloir raisonner un extrémiste, c'est aussi efficace que la luthomiction. En d'autres termes, autant pisser dans un violon…
N'empêche que je reviens une seconde sur nos chers (au sens de coûteux) prohibitionnistes, c'est une dépêche AFP du jour qui m'y incite. Elle relate les inquiétudes de François Bourdillon, le directeur général de l'INPES, l'Institut National de Prévention et d'Éducation pour la Santé, selon lequel "la consommation d'alcool est particulièrement préoccupante chez les jeunes et notamment les jeunes filles". En cause, la prolifération des "beuveries-express", le binge drinking comme on dit dans d'autres cultures. "Il s'agit d'un phénomène anglo-saxon qui est en train de pénétrer la génération des 15-24 ans" souligne M. Bourdillon s'appuyant sur son dernier Baromètre Santé.


Moi qui ai mauvais esprit, je me demande si le directeur général de l'INPES ne nous administre pas une fois encore la preuve de l'inefficacité, pire des effets pervers de la loi Évin-Cahuzac, loi stupide, inepte, vicieuse, qui pousse l'inculture jusqu'à confondre le vin, esprit de notre civilisation, avec les distillats industriels. Tout dans le même sac de l'alcool, à l'anglo-saxonne, au lieu de préserver ce particularisme du vin qui introduisait à une certaine idée du savoir-boire.
Évidemment, au lieu de s'en rendre compte, les crétins moralistes et doctrinaires qui font mine de nous gouverner vont en tirer la conséquence inverse: "renforçons la loi Évin!"*


Ouf! Heureusement, le chant d'un merlot exotique m'oblige à abaisser mon drapeau du djihad alcoolique**. Fermons la parenthèse. Mais au fait, à propos d'alcool vous avez vu le détail de l'étiquette ci-dessus? Le titre alcoométrique volumique pour causer savant? 16% Vol.! Seize degrés comme on disait avant. Ça envoie du bois!
Ce merlot dont le nom fait un clin d'œil à un célèbre château médoquin naît très loin de la Gironde. Nous sommes en Andalousie, à mi-chemin (si l'on peut dire parce que dans ce coin, les chemins…) de Grenade et d'Almería. Dans une Andalousie qui n'ignore rien de la neige. Les vignes sont perchées sur la sierra de La Contraviesa, en vue de la sierra Nevada, jusqu'à 1368 mètres d'altitude.


El Canto del Mirlo est une des cuvées de Barranco Oscuro, propriété de la famille Valenzuela, rachetée petit bout par petit bout après de longues années d'émigration dans le nord, à Barcelone puis en France. Barranco Oscuro sent le travail. C'est suave et droit, avec beaucoup de mâche, et surtout (si j'arrive à arrêter de digresser!), c'est formidablement équilibré. 16% Vol., équilibré, vous vous dites "le type, il a peu forcé sur le merlot et le soleil andalou lui a cogné sur le casque". Ben, non.
Là, d'ailleurs, ce n'est plus le merlot que je bois mais le pinot noir. El Pino Rojo, Le pin rouge. Et vous savez ce qui est marqué sur l'étiquette?


Eh oui! Seize chevaux-vapeur! Pourtant, si celle que j'attends n'était pas amoureuse ce pinot atypique, je me torcherais la bouteille avec allégresse. Sans me soucier le moins du monde du titre de ce vin, moi qui justement n'aime pas "quand ça brûle"***.
Car vous l'avez compris, l'essentiel, c'est l'équilibre, l'harmonie. Peu importe ce qui est écrit sur la bouteille. On s'en fout de ce qui est écrit! On s'en tape aussi aussi des vinistas, des pom-pom girls du pinard**** qui vont vous raconter que ce sera forcément "sirupeux". Ce qui compte, comme toujours, c'est la sensation, votre sensation. Vous trouvez ça alcooleux, brûlant? Passez votre chemin même si l'étiquette annonce 12% Vol. On en connaît du douze qui cogne! Idem d'ailleurs si vous trouvez vert, âpre ce que vous avez dans le verre.
Faites-vous confiance. On est uniquement là pour se faire plaisir, donc…





* À cet égard, restons, a très vigilant, La Loi de Santé est en cours d'examen au parlement français, et les prohibitionnistes sont aux aguets (cf. ici et ici), épaulés par leur sbires, et écoutés par un Ministre bienveillant à leurs thèses. Lire ici et ici. Il existe aussi ce petit outil très pratique pour réveiller votre député et lui dire que vous pensez à lui.
** N'oublions jamais que c'est à la langue arabe que nous devons ce beau mot d'al-kohol.
*** Pour les petites natures, Barranco Oscuro produit également un petit vin de soif, une sorte de rouge andalou de toda la vida comme on dit en Espagne. Vino Costa, léger comme une plume! Il ne pèse que 14% Vol.…
**** Pour les reconnaître, c'est super facile. Il y a deux-trois ans, ils vous saoulaient avec la minéralité, maintenant, il ne parlent que de salinité.


Un classement des crus de Pomerol?

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L'information provient du compte Facebook de Dany Rolland. Selon la célèbre œnologue et vigneronne, que je cite, "un classement est en cours d'étude à Pomerol".
Bon, évidemment, c'est un poisson d'avril. Et moi, d'habitude, ça me gonfle un peu les poissons d'avril, ce côté lourdaud, cotillons, boy-scout… Mais là, je reconnais que j'ai bien ri, parce qu'évidemment, sur la lancée de ma chère Dany, j'ai immédiatement pensé aux conséquences, à la considérable influence que cela aurait sur les domaines de l'appellation la plus huppée de Bordeaux. Si bien sûr les sages Corréziens en venaient à s'inspirer des méthodes de leurs voisins de Saint-&-Millions pour concocter ledit classement. Exemple par exemple à Lafleur-Pétrus


On peut bien rire, non? 
Pour les non-initiés, le dernier classement de Saint-&-Millions (toujours contesté en Justice me semble-t-il) prévoit que l'aspect réceptif des propriétés est davantage pris en compte dans la façon de juger un domaine que la qualité, ou en tout cas la dégustation des vins qu'elles produisent?
Allez, vivement le 2 avril…

L'étiquette analytique de vin.

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Bientôt, ce ne sont plus des étiquettes qu'il faudra coller sur les bouteilles de vin mais des livrets, ou en tout cas des supports susceptibles d'accueillir toutes les mentions que la loi impose. Le dernier vote de la Commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire du Parlement Européen va en ce sens. Elle a d'adopté hier une résolution qui soutient la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie alcool de l’UE et surtout réclame "l’étiquetage des ingrédients et des valeurs nutritionnelles sur les produits alcooliques et alcoolisés".
Si le projet suit son cours, les vignerons devront donc indiquer ce que contient leur vin. Pourquoi pas, après tout, la transparence a du bon. Si ce n'est que cela impliquera des analyses a posteriori, des analyses du produit final qui ne poseront pas de problèmes aux industriels mais qui risque de sérieusement peser sur le budget des petites structures. Car on voit mal comment l'on pourrait se contenter en la matière de déclarations d'intention, genre "mon vin est propre", "c'est du pur", etc, etc… On entre là dans le légal, le réglementaire, donc il va falloir aligner des chiffres. Savoir ce que l'on cherche exactement, des ingrédients ou des résidus? Et qui va le chercher. Une aubaine en tout cas pour les laboratoires œnologiques!


L'autre versant de cet étiquetage concerne les valeurs nutritionnelles de ce qu'il y a dans les bouteilles. Je l'avais évoqué ici en novembre dernier, les prohibitionnistes anglais faisaient pression pour ça. Les boissons alcoolisées échappaient jusqu'à présent à cette mention qui ne concernait que les produits alimentaires. Pour Glenis Willmot, députée, co-rapporteur du texte,  "nombreux sont ceux qui n’ont aucune idée du nombre de calories présentes dans les boissons alcooliques, sauf à être vraiment déterminé pour aller chercher l’information sur le site internet de l’entreprise. Ce qui est inacceptable. Le vote de ce jour a ouvert la voie en reconnaissant au consommateur le droit d’être informé lorsqu’il consomme de l’alcool ».


Les prohibitionnistes français jubilent. Dans le communiqué qu'elle publie cet après-midi, l'ANPAA estime que "la nouvelle stratégie de l'alcool de l'UE (sic) devrait renforcer le cadre réglementaire actuel sur l'alcool et aider les gouvernements nationaux à réduire les dommages liés à l'alcool. Elle devrait encourager la prévention et la promotion de la santé et de l'éducation. La Commission parlementaire a estimé également que le prix minimum de l’alcool représentait l'un des moyens les plus efficaces et économique pour contribuer à réduire les dommages causés par la consommation d'alcool". Car ça aussi, il en est question, imposer prix plancher, sous-entendu des taxes de base à la bouteille de vin.
Bon, on va boire un coup?…



L'abus d'eau est dangereux, aussi…

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Pour ceux qui ne suivent pas l'actualité sur sur Twitter ou Facebook, des nouvelles du débat parlementaire sur le relooking de la Loi Évin-Cahuzac. C'était la nuit dernière lors de l'examen en première lecture (gare au match retour…) de la Loi de Santé publique à l'Assemblée, et sur les réseaux sociaux.
La bonne nouvelle, c'est que les tenants du lobby prohibitionnistes, le député isérois Olivier Véran en tête, n'ont pas réussi à faire passer leur amendement AS247 (évoqué ici) qui visait à durcir l'avertissement sanitaire concernant l'alcool et le vin. En contrepartie, l'autre amendement qui visait à clarifier (pour les juges) la différence entre Presse et Publicité a lui aussi été repoussé, une espèce de troc en quelque sorte. La Ministre, Marisol Touraine, a promis la mise en place d'un groupe de travail pour étudier la question; ça sent l'enterrement de première classe…


De ce débat pour rien, je retiendrai, en annexe, deux phrases. D'abord, celle de l'assistant parlementaire d'Europe-Écologie-Les-Verts sur Twitter. Elle montre bien la défiance d'une certaine Gauche pour les vignerons (sous-entendu ces "sales riches"); "Le jour où la France produira du cannabis, des députés UMP des régions productrices viendront défendre la culture de la beuh."écrit Pierre Januel pour se moquer de la levée de boucliers des députés de Droite (mais pas seulement en fait, ouf!) afin de défendre les acteurs du Vin français. Il va falloir évoluer, monsieur Januel, sortir de la ville et se rendre compte que le travail des vignerons, et des paysans, c'est une des composantes du rapport à la Nature, à l'environnement. Je regrette d'autant moins d'avoir écrit cette chronique l'autre jour sur "les écolos les plus cons du Monde", il serait vraiment temps en tout cas qu'ils reviennent à leurs fondamentaux…
Enfin pour rire, je vous livre cette phrase que j'ai tweettée hier. L'auteur s'appelle Julien Aubert, député du Vaucluse, je ne le connaissais pas jusqu'à ce débat parlementaire: "l'abus d'eau est dangereux aussi, ça s'appelle une noyade".
Face à cette actualité morose et à l'hygiéno-prohibitionnisme en vigueur en France* (parce que donc la Loi Évin-Cahuzac, ça continue), autant rire un peu…




* Une maladie qui s'étend maintenant en Europe, visiblement.



Radical-Cassoulet ou Radical-Japonais ?

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Tout fout le camp ! À l'issue du banquet de midi de l'Orient Éternel (dont le menu comportait assurément des escargots, du cassoulet et un flanc aux œufs), bien après les toasts au buzet, au moment de l'armagnac, Armand Fallières a piqué une sacré grosse colère. "Une journée de merde!" a même tranché l'ancien Président de la République avec son inimitable accent gascon.
Fallières, si vous ne connaissez pas, documentez-vous, c'est une figure. Enfant de Mézin, alors capitale du bouchon, parti faire son Droit à Toulouse, député, ministre, sénateur puis chef de l'État. Grand conciliateur politique, il faillit même, épaulé entre autres par un curé, abolir la peine de mort.
La raison de sa colère du jour? D'abord, la politique, avec cet incroyable revers du radicalisme, dans le département voisin de son cher Lot-et-Garonne. Pensez donc, le retrait forcé de Jean-Michel Baylet, patron du Parti Radical de Gauche et de La Dépêche du Midi, obligé d'abandonner cette charge familiale qu'était devenue la présidence du Conseil ex-Général de Tarn-et-Garonne. Un affront! Si vous n'êtes pas du Midi toulousain, désolé, vous ne pouvez pas comprendre.


Surtout que juste avant de passer à table, au moment de la blanquette, il était tombé sur cet article de Presse, dans La Dépêche justement! Et avait frôlé le coup de sang. Voilà que LE journal lui racontait qu'un cuistot toulousain venait d'inventer* une recette de viande hachée (déjà, la viande hachée…) à base d'un bœuf prétendument japonais! Lui faire ça, dans la Presse radicale, à lui qu'on surnommait le "Père Fallières"à cause de son allure de paysan du Sud-Ouest, de son amour de la ruralité. "Mille Dieux!" s'était-il exclamé renversant sa coupe de demi-sec. "À moi, fils de la veuve! Il n'a pas assez de bétail dans nos campagnes, ce gandin, pour aller en chercher au Chili**?" Parce qu'en plus, La Dépêche expliquait que la viande en question, au nom pourtant nippon, arrivait d'Amérique du Sud. "Et le bœuf de mes voisins de Bazas? Et le Chalosse? Et la Gasconne? Et l'Aubrac?" 
Du coup, tout un symbole, il n'a repris qu'une fois du cassoulet au banquet. Une journée de merde, je vous dis.




* En plus pour un merveilleux joueur de rugby, Patrick Soula, talon de rêve du Stade Toulousain.
** Surtout, comme je le racontais ici, que du faut bœuf japonais (wagyu signifie "bœuf japonais", je le rappelle), on en trouve en pagaille en Espagne pour une bouchée de pain. Même le faux Kobé, la classe au-dessus, est disponible au supermarché de mon quartier de Barcelone.



Un rail de cacao?

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Comment Ferran Adrià et son digne successeur madrilène, David Muñoz, n'y ont-ils pas pensé avant? L'invention* va faire fureur chez les cuistots "hypercréatifs", en Espagne, bien sûr, où l'on adore utiliser son nez (et la poudre aussi), mais aussi à Paris et dans pas mal de grandes capitales. Elle nous arrive de Belgique, un chocolatier installé à Anvers et à Bruges, a inventé un outil et une préparation à base de poudre de cacao qui permettent de consommer le chocolat d'une autre manière : en le sniffant.
Dominique Persoone, explique la RTBF, s'était déjà illustré avec des recettes au cannabis, ou aux oignons. Dans le cas présent, "la poudre de cacao, mélangée à du gingembre et de la menthe ou de la framboise, est aspirée grâce à un petit outil appelé Chocolate Shooter, qui permet de la projeter vers les cloisons nasales. Initialement créée pour la fête d'anniversaire du guitariste des Rolling Stones, Ron Wood, cette étonnante nouvelle pratique a largement fait le buzz: 25 000 shooters ont déjà été vendus".
Selon Dominique Persoone, la grand plus de sa trouvaille, c'est que "le chocolat vous reste dans le cerveau". Cet "effet" dure environ 15 minutes et, il l'assure, se prendre un "rail" de chocolat n'a rien de dangereux, même si la boîte du produit conseille d'éviter un "sniffage excessif". Je propose d'ores et déjà, spécialement dans les milieux branchés, un version chocolat blanc qui devrait faire un tabac…



* Apparemment, je vous le promets, ce n'est pas un poisson d'avril défraîchi!

J'ai peur de ces peurs.

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J'ai beaucoup fumé. Trop. On fume toujours trop, c'est un vice et je le sais. Mon principe reste pourtant que chacun doit choisir et assumer ses vices. Cela peut aussi faire partie du plaisir.
J'ai beaucoup fumé. De l'anglaise, de la forte, éventuellement sans filtre. Senior Service ou Player's Navy Cut, des "drogues dures" aujourd'hui interdites, peu en conformité avec ce monde qui se veut plus light.
J'ai beaucoup fumé, parfois en prenant mon pied, jouissant pleinement de ce masochisme du fumeur, qui endure tant finalement pour ces quelques secondes d'orgasme. Et il y a plus de dix ans j'ai arrêté. Comme ça, sur un coup de tête, à la volonté, en tronche, sans médecine ni parlottes. Afin de pouvoir mieux me consacrer à d'autres vices qui ont ma préférence.
J'ai beaucoup fumé, je ne regrette rien, je n'ai absolument pas envie de repiquer à la gamelle, à cet esclavage-la, mais, franchement ce paquet de cigarettes neutre qui devrait être obligatoire d'ici peu en France m'inquiète. Pas pour le tabac, ni son industrie. Le vice est tenace et les multinationales de la clope ont des moyens colossaux, elles feront avec. Il m'inquiète parce que je sais que les prohibitionnistes viennent de gagner une bataille. Et qu'au fond de leurs esprits tordus, pervers, ils songent déjà à s'appuyer sur ce précédent pour demander à ce que l'on s'interroge sur l'étiquetage de l'alcool et donc du vin. Ces gens sont (ceteris paribus) des insatiables, des extrémistes, des Savonarole ou des prédicateurs salafistes, jusqu'au-boutistes, aveuglés par leurs discours de peur.
Par parenthèse, avez-vous songé à ça? La peur, les discours de peur. Quel autre projet que de jouer sur les peurs, que de nous endormir avec des peurs, nous proposent donc aujourd'hui les hommes politiques, français notamment? Les entendez-vous beaucoup parler d'amour, de conquête, de positif? Non, au lieu de ça, on nous parle de peur, comme les religieux intrusifs, extrémistes, le faisaient et parfois malheureusement continuent de le faire, avec le pêché. Et j'ai peur de ces peurs.
Tiens, à propos d'oiseau de malheur, mais tendance comique, je vous livre ma dernière trouvaille, que j'ai postée sur Facebook il y a quelques jours et qui fait un tabac (facile…). Un roi de la peur, la peur qui doit "habiter notre cœur" dit-il. Je ne sais pas s'il fume des cigarettes (la moquette, c'est sûr), mais il vaut le détour. Je vous laisse avec lui pendant que je vais aller préparer la cochonnaille (ce signe d'appartenance religieuse…) du dîner.




Gloire aux (beaux) vieux !

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C'était un déjeuner agréable, un soleil étincelant, le bruit du Cers dans les vieux pins parasols de la terrasse. On avait envie de détente, de bulles. J'ai vu venir le coup, une bouteille remontée la veille de la cave attendait au frais. 
Au moment d'attaquer le bouchon, j'ai eu un peu peur. Pas en forme, le bout de liège. Noirci par les ans, fragilisé. Mais suffisamment en forme pour qu'au moment fatidique, un sifflement nous rassure, l'âge n'avait pas tranquillisé l'effervescence de ce blanc des années 90. Et quelle bulle! Celle que j'aime, délicate, fine venait souligné de dentelle blanche un beau jus doré.
Un nez frais, si jeune, de jolies nuances d'acacia et d'abricot, une pointe de noisette et cette bouche domptée par le temps, "élégante" comme disent les anciens.


L'âge, la vieillesse, c'est bien de ça qu'il s'agit. Pas la sénilité, loin s'en faut. Après coup, l'étiquette de ce grand "champagne" (si seulement il y en avait plus de ce tonneau…) nous a d'ailleurs donné quelques indications sur ce que nous buvions: un "vin de table", comme on disait à l'époque du dégorgement de cette bouteille, en mai 98. Une date spécifiée en minuscules caractères, c'est vrai qu'il valait mieux être discret, puisque toute référence au millésime était normalement interdite. Tout comme le nom des cépages, indiqué lui en majuscules d'imprimerie: "PINOT NOIR - CHARDONNAY". Dans le verre, nous avions en fait, un crémant de contrebande produit au milieu des années 90 sur un grand terroir d'altitude, dans l'Aude, au sommet de l'appellation Limoux par Jean-Louis Denois.  


Ce champenois passé par l'Afrique du Sud, au caractère (disait-on) impossible, fut un des découvreurs de Roquetaillade, sorte de "grand cru du Languedoc" où, dans des styles différents, l'on finit presque par croire qu'il est facile de faire bon. 
Jean-Louis Denois a depuis vendu une partie de son Domaine de l'Aigle mais il continue de faire du vin entre l'Aude et les Pyrénées-Orientales, toujours en altitude (cf. son site). Cette "reprise de contact" m'a donné envie de retourner le voir.


Si j'ai pu mettre la main sur cette bouteille poussiéreuse, c'est que j'ai passé quelques jours en Minervois au fond d'une caverne bien plus lumineuse que celle de Pythagore et Platon. Une caverne où l'on descend chercher la connaissance au lieu de lui tourner le dos. La connaissance, et le plaisir aussi.
Un débat très contemporain que celui de l'âge du vin. Il est de bon ton dans une partie du néoMondoVino de dénigrer l'idée même de vieillissement: on est jeune (où on voudrait le faire croire), donc on boit jeune. Alors, on entend de tout, souvent même chez des buveurs sans grand recul ni réelle expérience.


Pas de panique! Je ne vais pas vous raconter que si c'est vieux, c'est bon. Un toquard, c'est un toquard, et ce n'est pas l'âge qui va lui donner de l'esprit, du nerf ou de la cuisse. Il se produit même parfois le contraire. Et puis on le sait, le vieux vin, c'est aussi une histoire de grandes bouteilles, de grands instants, il faut la chance d'une rencontre.
Il n'empêche que quand on veut voir ce qu'un cru a dans le ventre, rien ne vaut une "machine à remonter le temps" pour s'en faire une idée précise. En tout cas si l'on s'intéresse à des notions désuètes comme le terroir, si l'on veut dépasser les maquillages de jeunesse, les effets de vinification ou d'élevage. Je digresse, mais j'ai toujours été interloqué par l'histoire de ce riche investisseur qui avait acheté une grande maison de la vallée du Rhône, laquelle avait produit sur une célèbre colline un 1961 d'anthologie, et qui, longtemps après cette reprise, n'avait toujours pas demandé à goûter ce millésime dont la cave était pourtant bien pourvue. 
La curiosité, le recul, la connaissance, le plaisir, c'est évidemment le but de cette caverne minervoise dont je vous parlais. Voulue, pour lui et pour son pays, par un ami vigneron qui sait que le vin se comprend tire-bouchon en main, elle témoigne de l'existence d'un terroir. Mille fois plus que tous les blablas des prospectus publicitaires ou les pompeuses opérations de com'.
Je m'étonne même d'ailleurs qu'aucun de ces syndicats, aucune des interprofessions de régions comme le Languedoc, qui ont tout à prouver, n'aient eu l'idée de créer ou de maintenir pareille "machine à remonter le temps". Comme dans l'exemple de l'investisseur rhodanien, c'est à se demander si le vin, et les beaux vieux si prompts à raconter de belles histoires, les intéressent.






Le vin nu est-il à poil ?

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C'est une nouvelle publiée hier dans les journaux financiers britanniques (ici le Financial Times) et qui a fait une partie des conversations de mon dîner. On me dira qu'on s'en tape, que ça se passe chez les rosbifs, etc… Il n'empêche qu'il y a longtemps, je vous avais parlé de cette compagnie, Naked Wines qui cartonnait sur la vente de vin en ligne outre-Manche, et que l'affaire qui vient de se conclure montre, quel que soit le sens de lecture, que même si tu cours, camarade, le nouveau monde a tendance à te rattraper.


Au terme d'un processus en cours depuis un bout de temps où ses fondateurs allemands, tenanciers de catalogues de VPC à l'ancienne, voulaient céder leur filiale, c'est Majestic, grosse entité anglaise, omniprésente, qui a raflé la mise. Côté bouteille à moitié vide, on dira que la distribution traditionnelle pinardière a triomphé, rachetant  le "petit" vendeur online. Côté bouteille à moitié pleine, on constatera que le vieillot, déclinant (-22,9% de CA cette année) Majestic n'a fait, du haut de sa puissance financière toujours intacte, qu'une bouchée de ces freluquets virtuels"qui jamais n'auront d'importance dans la vente de vin".
Ceux (j'en connais quelques uns) qui vendent des bouteilles par centaines de milliers à Naked Wines me font simplement remarquer que l'opération leur avait été annoncée. Et que surtout, le patron de la nouvelle entité Majestic/Naked Wines n'est autre que le brillant Rowan Gormley, précédemment taulier de Naked Wines. Tout ça pour dire qu'avant que d'imaginer que le vin nu est est à poil, il semble compliqué aujourd'hui pour le wine business d'ignorer Internet.





La photo qui ouvre ce billet est tirée d'une série de Misenka Plantaznik, on en parle ici.


"Déçu en bien"…

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J'adore cette expression suisse: "je suis déçu en bien". Et je trouve qu'elle s'applique admirablement au vin que j'ai dans le verre à l'instant précis. Je suis à Félines-Minervois, à la lisière de l'Hérault et de l'Aude, sur cette appellation communale créée il y a quinze ans autour de La Livinière et donc les parcelles sont désormais convoitées par les gros investisseurs mondovinesques. Loin de cette agitation, en dévorant ma bavette, je regarde le soleil réchauffer, là haut sur la montagne, les ruines médiévales de Ventajou. Le vin, justement, est né là, sur un des terroirs si distincts de Félines. 


"Déçu en bien", pourquoi? D'abord parce que j'avais vu autour de Ventajou, fin août 2013, des vignes dans un état apocalyptique. Je me demandais même (et je n'étais pas le seul!) ce que les nouveaux propriétaires allaient bien pouvoir vendanger. Je ne peux donc qu'être agréablement surpris ("déçu en bien" comme dirait ma chère Clio) d'avoir du vin de Ventajou, millésimé 2013, dans mon verre.


"Déçu en bien", aussi parce qu'on m'avait parlé de ce vin comme d'un nouvel avatar du néo-vigneronnisme verbeux, adepte d'une écologie de discours, d'intentions, politique, dont une partie du secteur s'est fait une spécialité. Sous la houlette d'un maire communiste défroqué, associationnophile, adepte du culturalisme subventionné, à Félines, on se croirait (cf. l'hilarante pancarte ci-dessus) sur le Larzac en 71. Peace and love and pas trop de travail… 


Erreur sur ce point, Thierry de Marne, malgré sa barbe, n'est pas un pelut comme on dit ici*. Certains d'entre vous ont d'ailleurs par ce nom fait le lien avec ses racines champenoises (DeMarne-Frison, des vins très vifs); on m'a d'ailleurs raconté qu'avant de venir s'installer au pied du souvenir du château de Ventajou, il avait prospecté vers Roquetaillade, autre grand cru languedocien spécialisé dans la bulle et évoqué ici même il y a trois jours.
Et cet Espantant 2013, même si je l'ai trouvé dans une foire de peluts en allant acheter du fromage de chèvres, n'a rien à voir avec les bricolages auxquels on est parfois confronté. Le vin est "précis", professionnel, étranger en tout cas aux déviances collectionnées dans les crus de MJC sus-cités. Difficile, en revanche, en l'état de parler de vin naturel puisque même si de toute évidence la vinification et la mise n'ont pas beaucoup côtoyé le SO2, les vignes, à ma connaissance, n'étaient pas à l'époque travaillées en bio. J'imagine que la conversion sera un des objectifs des nouveaux propriétaires. 


Constitué de carignan et de grenache modérément mûrs (j'avais cru y déceler du cinsault), il s'agit d'une macération carbonique à faible extraction, peu de tanins, "typiquement un vin de Parisien" plaisantons-nous avec Thierry De Marne. La robe est claire, ça bulle un peu (on évitera de dire que c'est normal pour Champenois…) mais je déconseille fortement le dégazage; en revanche, servez-le à 10°C., sur du thon ou du veau saignants, et vous profiterez pleinement de ses notes subtiles de poivre blanc qui évoquent un peu les syrah ardéchoises d'Hervé Souhaut ou encore le pineau d'Aunis (plus Lucky que Verre des Poètes) de Loire. Bref, voici un vin amusant**, distrayant, qui "déçoit en bien" en donnant sa vision du paysage du haut-Minervois.




* Pelut= poilu, comme le lladoner du même tonneau. Référence post soixante-huitarde à une jeunesse  plus chevelue qu'échevelée, c'est ainsi en tout cas que les paysans locaux surnommaient les nombreux bab's qui tentèrent le "retour"à la terre. La terminologie "woodstock" (prononcez woustoque) est également usitée. 
** Je suis un peu moins fan en revanche, à ce stade, de la grande cuvée, qui goûte un peu dur à mon goût.



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