Eh oui, c'est bien d'une petite annonce dont il s'agit. Là, aujourd'hui, chers (et fidèles) lecteurs, ce n'est pas moi qui vous ouvre mon carnet d'adresses, je vous demande juste, s'il vous plaît, de partager le vôtre. Un retour d'ascenseur, quoi…
Ma recherche est simple. Dans la perspective d'un séjour à la Capitale (de la France), le provincial que je suis souhaite réviser ses classiques. Je suis donc en quête d'une liste de vrais bistrots parisiens, toujours d'actualité, où, pourquoi pas, je croiserai le fantôme de Bob Giraud (ci-dessous*), croirai réentendre le bégaiement d'Antoine. Des restaurants, aussi, des établissements "de toda la vida" comme on dit ici en Espagne, du genre de Chez René, boulevard Saint-Germain, avec tabliers de sapeurs, têtes de veau, rognons, andouillettes, pots de beaujolais et toutes ces gourmandises du vulgaire que notre culture a su anoblir. Glissez-moi aussi, tant qu'à faire, quelques souvenirs du Tonkin, du vietnamien en version originel, pour lequel la fusion-food n'a pas dépassé le phô** indochinois.
Afin de gagner du temps, de nous éviter mutuellement d'en perdre, autant guider vos pas. N'oubliez pas que je suis un vieux con assumé, revendiqué. Pour les bistrots, tentons d'éviter les décors de cinéma, avec faux apaches maniérés sapés en bleu de travail trop ajustés, casquettes et rouflaquettes de circonstance. Au restaurant, je n'ai pas non plus nécessairement besoin pour grimper aux rideaux d'une assiette en raku avec un demi cœur de canard, trois feuilles d'herbe japonaise, tellement dépouillée, stylée qu'on a l'impression de manger du papier glacé; le graphisme, je le préfère dans les bouquins.
Dans le même ordre d'idée, je mange ce que j'ai dans ma gamelle plus que je ne dévore des yeux la tronche de mes voisins de salle, donc, la mode et la clientèle hype ne sont pas des condiments indispensables. Je ne viens ni voir, ni me montrer. Sachez toutefois que je n'ai rien contre les fringues APC, ma compagne possède d'ailleurs un superbe trench-coat griffé rue Madame et j'espère bien qu'il pleuvra à Paris durant la semaine sainte pour qu'elle puisse le porter. Je n'ai même pas évoqué les concepts, la chimie moléculaire, michelinée ou pas, mais vous savez ce que j'en pense…
Toute proposition annexe est évidemment la bienvenue. Une expo qui m'aurait échappé, un magasin qui décoiffe, un lieu improbable… Tant qu'à être exigeant, pour chacun de vos conseils (en commentaire direct, sur Facebook comme le veut la tradition de ce blog, par mail ou pigeon voyageur), je vous demande un peu plus qu'un nom qu'une enseigne. L'idéal serait ce qu'on appelle une adresse "qualifiée"; pour quel(s) plat(s), quel(s) vin(s) et trait dominant ou, pour parler comme un technico-commercial, pour quel "atout distinctif" on doit aller là.
Merci.
* Robert Giraud, journaliste, écrivain dont il faut lire les bouquins (ci-dessous) récemment réédités ainsi que sa biographie, Monsieur Bob, par Olivier Bailly (Stock 2009).
** À propos la célèbre soupe franco-vietnamienne, si ce n'est déjà fait, régalez-vous de ce reportage de l'AFP remastérisé par Le Monde.